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Le Rococo, ou comment refouler les angoisses d'une société en déclin

  • saraharlaud7
  • 19 mars 2021
  • 3 min de lecture

Hey ! On se retrouve pour un premier article sur le thème de la peinture, mais pas seulement... C'est parti pour une introduction au Rococo !



Oui oui, vous avez bien entendu, le Rococo. Je sais, le nom est spécial.

Et marrant, il va sans dire.


Commençons par une brève définition (que nous approfondirons par la suite) de ce qu’est le Rococo. Il s’agit d’un mouvement pictural, d’une tendance artistique, né en France dans les dernières années du règne de Louis XIV. Les maîtres mots : légèreté, bonheur, exotisme et fantaisie, le tout baigné d’une ambiance douce et vaporeuse.

Pour rentrer dans des termes plus « techniques », il faut savoir que le rococo est apparu pendant le déclin du mouvement baroque, et qu’il s’agit avant tout d’un courant architectural et décoratif, avant de devenir un mouvement et une inspiration picturale.

Le mot « rococo », en lui-même, provient de la « rocaille », c’est-à-dire les jolies coquillages, petites pierres et autres décorations du genre.

Ce style se manifeste d’abord par un réaménagement et une redécoration des grands salons, des salles de bals et receptions, à l’image de ceux des intellectuels : confortables, pratiques, et inspirants. En d’autres termes, l’objectif n’est plus de montrer (quitte à en faire trop, beaucoup trop) son rang et sa position sociale, mais de favoriser le confort et la discussion, avec une orientation plus artistique.


Et boum : tous les intellectuels et artistes de l’époque se transforment en décorateurs et architectes d’intérieurs ! (Bon, je caricature, bien évidemment). (Même si de nombreux artistes reçoivent des commandes privés…)


La mode n’est plus à l’exhibition de son pouvoir mais à la grâce et au spirituel.


Cependant, comme nous l’avons dit plus tôt, cet aspect dépaysant omniprésent n’est pas dû au hasard : les français ont peur, et se rassurent comme ils peuvent. En bref, ils rêvent d’une France redorée.


Pour simplifier, imaginez que vous vivez dans une société où l’âge d’or est passé, et où tout décline progressivement. Vous savez que votre avenir est incertain, et potentiellement pas bien marrant. Que dessineriez-vous ?

Ce que vous désirez, comment vous espérez cette société, comme vous vous persuadez qu’elle est. En gros, vous vous berceriez d’illusions, pour percevoir votre environnement de manière plus lumineuse. Et pour vous donner de l’espoir.

C’est exactement ce que ces personnes ont fait, à travers le rococo.


Pour illustrer ce mouvement, prenons la figure qui le représente le mieux : Watteau.


Les fêtes galantes de Watteau, un terme qui définit un bon nombre de ses peintures, sont également très connues. Le rococo va reprendre ce thème, en les exagérant et les dilatant à outrance. On y retrouve les paysages vaporeux, aux couleurs relativement sombres, qui représentent la jeune aristocratie valsant dans un cadre plutôt bucolique. En effet, la nature, dans sa beauté et fantaisie, occupe une place très important dans la peinture rococo, même si elle est parfois sublimée et idéalisée.



La Camargo dansant. Huile sur toile de Nicolas Lancret, vers 1730. © Courtesy National Gallery of Art, Washington

(Il ne s'agit ici pas Watteau, mais reconnaissez-le, cette huile sur toile est magnifique !)


Prenez-le temps d’observer cette peinture, et dites-moi, ces jeunes gens ont-ils l’air d’être heureux ?


Non, nous sommes bien d’accord. Leurs visages sont inexpressifs, l’ambiance est trouble et cet aspect vaporeux devient presque froid. Les fêtes galantes représentent bien cette image de la peinture à double niveau : à première vue, la situation est magnifique, parfaite, mais quand on creuse, on remarque bien cette inquiétude et cette incertitude sous-jacente.


Comme piste niveau littérature, je ne peux que vous conseiller les Fêtes Galantes de Verlaine !


Je vous laisse sur un extrait...


CLAIR DE LUNE

"Votre âme est un paysage choisi

Que vont charmant masques et bergamasques

Jouant du luth et dansant et quasi

Tristes sous leurs déguisements fantasques.


Tout en chantant sur le mode mineur

L'amour vainqueur et la vie opportune,

Ils n'ont pas l'air de croire à leur bonheur

Et leur chanson se mêle au clair de lune,


Au calme clair de lune triste et beau,

Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres

Et sangloter d'extase les jets d'eau,

Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres"



By Sarah ARLAUD

À bientôt pour un nouvel article ;)


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